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News Dessins
17 novembre 2011

Les remerciements ironiques de Charlie Hebdo - Par Emmanuel Berretta - 161111

charia_hebdo

Le «tsunami de solidarité» dont a bénéficié Charlie Hebdo après l'incendie criminel qui a endommagé ses locaux n'a pas submergé quelques récifs ici ou là. Si bien que Charb, le directeur de la publication, s'est amusé, cette semaine, en page 9 de l'hebdo satirique, à remercier à sa façon ceux qui n'avaient pas forcément crié à l'attentat de la liberté d'expression à propos de la caricature de Mahomet en une du journal. Charb respire un peu mieux, constatant que l'incendie de Charlie Hebdo n'avait pas réduit en cendres le pluralisme des courants d'opinion.

Le dessinateur-directeur envoie ainsi des «fleurs» à Tariq Ramadan pour qui Charlie Hebdo a fait montre d'un «humour de lâches». Pascal Boniface reçoit, lui aussi, des mercis pour avoir écrit que Charlie Hebdo «concentre ses attaques sur les musulmans, qui ne sont - institutionnellement - pas en mesure de se défendre». Charb rappelle que le journal a été attaqué à quatorze reprises par "l'extrême droite catholique" en dix-neuf ans contre un seul procès avec les associations musulmanes. Dans un pays à majorité catholique, «l'actualité nous a donné plus souvent l'occasion de nous moquer des curés que des imams», précise-t-il.

Schneidermann : «un placement sans risque»

Daniel Schneidermann, lui aussi, a droit à ses remerciements. Le fondateur de Arrêt sur images n'a pas eu le coeur à se joindre à la cohorte des soutiens de Charlie Hebdo : «Pas envie de faire de la pub à cette provocation pas drôle, écrivait Schneidermann. La dénonciation de toutes les charias, les vraies, les fausses, les réelles, les imaginaires, est un fonds de commerce comme un autre. C'est un placement sans risque (enfin, disons ce matin, sans trop de risque).»

Charb termine son éloge ironique par Jean-Luc Hees, président du groupe Radio France, à qui le journal algérien L'Expression prête ce jugement : «Je suis journaliste, mais je ne fais pas le même métier que ceux qui travaillent à Charlie Hebdo. C'est du grand n'importe quoi ! Ils ont tout faux !» C'est assez fâcheux, car Jean-Luc Hees, comme l'indique Charb, nie avoir tenu de tels propos lors d'une visite récente à l'Université d'Alger. Pour en avoir le coeur net, nous avons contacté le patron de Radio France qui confirme : «J'ajoute que j'ai travaillé à Charlie Hebdo et que j'y ai passé des moments formidables comme journaliste.» Pour Charlie, Hees a, en effet, couvert la campagne présidentielle de Barack Obama de 2008, époque où il était au chômage, après avoir été prié de quitter France Inter.

Par Emmanuel Berretta

Article extrait de lepoint.fr
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